Voici une découverte médicale dont on entendra encore sans doute parler. Pour la première fois, des chercheurs de trois laboratoires toulousains viennent de mettre au point une "super-molécule" capable de détruire les cellules cancéreuses grâce à… une éponge marine.
Une molécule "grenade" qui détruit les cellules cancéreuses de l’intérieur
Les chercheurs du laboratoire Synthèse et physico-chimie de molécules d’intérêt biologique (SPCMIB) ont décidé d’exploiter les "super-pouvoirs" d’une éponge présente dans les fonds marins des Caraïbes. Celle-ci est en effet composée d’une molécule naturelle dont les propriétés anticancéreuses ont été étudiées.
Une fois la molécule recréée en laboratoire, le SCPMIB s’est associé au Laboratoire de chimie de coordination (LCC) et à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale (IPBS), également installés à Toulouse, pour "booster" ses propriétés anticancéreuses. "C’est comme si nous prenions une pierre brute, que nous l’avons ciselée et façonnée pour ne garder que ses propriétés intéressantes et s’affranchir de ses défauts", explique à 20 Minutes Yves Genisson, directeur de recherches au SPCMIB.
Les trois laboratoires ont alors travaillé de concert et sont parvenus à rendre la molécule de synthèse "de 700 à 1 000 fois" plus puissante que son originale naturelle pour détruire les cellules cancéreuses.
Sa particularité réside dans sa capacité à infiltrer les cellules cancéreuses et à les détruire de l’intérieur, "comme une grenade", précise 20 Minutes.
Un possible traitement d’ici quelques années
Publiés en mars dernier dans la revue scientifique ChemMedChem, les résultats de ces nouveaux travaux sont extrêmement prometteurs. Toutefois, précisent les chercheurs, tout n’est pas joué : il leur faut désormais comprendre comment cette molécule de synthèse parvient à infiltrer les cellules malignes pour les tuer, mais aussi comprendre comment elle réussit à les identifier comme cibles. "Nous voulons savoir comment l’utiliser dans tel ou tel cancer", explique Etienne Joly, chercheur à l’IPBS (CNRS/UPS).
En cas de résultats concluants, un nouveau traitement contre le cancer utilisant cette "super molécule" pourra voir le jour d’ici quelques années.