Les auteurs de l’étude ont cherché à définir les symptômes qui permettent le diagnostic de la schizophrénie. L’objectif est d’identifier plus rapidement les patients atteints de la maladie dont le diagnostic tarde souvent à être posé et ainsi mieux traiter leur psychose. Leurs résultats ont été publiés dans la revue JAMA Network.
Une large étude
Les résultats cliniques et sociaux de la psychose restent assez faibles. Environ 25% des personnes rechutent au cours des trois premières années de traitement et les symptômes résiduels sont fréquents. L’une des raisons provient de la durée trop longue de la "psychose non traitée", c’est-à-dire le délai entre le premier symptôme psychotique et son traitement par un spécialiste. Plus cette période est courte, plus les traitements sont efficaces. Or, dans un premier temps, les malades se tournent principalement vers les médecins généralistes qui ne possèdent pas toutes les clés pour poser le bon diagnostic et orienter les patients vers les spécialistes.
Pour les aider, les chercheurs britanniques ont cherché à définir les symptômes communs aux patients atteints de schizophrénie. Douze ont été retenus à partir des treize identifiés par des études précédentes qu’ils ont confronté à l’analyse des données de plus de 35 millions de patients, pris dans la base de données médicales britannique Clinical Practice Research Datalin. Au total, ils ont étudié un échantillon de 93 483 personnes âgées de plus de 9 ans, dont 11 690 ont eu un diagnostic de psychose.
Le comportement suicidaire, symptôme le plus fréquent
Après l’analyse de ces données, les chercheurs ont rapproché les douze symptômes identifiés avec un diagnostic psychotique ultérieur. Seul le symptôme des troubles de l’hygiène personnel n’a pas été observé par la suite dans les cas de psychoses. L’association la plus forte concerne le comportement suicidaire. À l’inverse, le symptôme qui a la plus faible association avec un diagnostic psychotique concerne les consultations pour mal de gorge.
Les autres symptômes qui sont fortement associés avec un diagnostic de schizophrénie sont la dépression (70% des hommes et 85% des femmes âgés de 35 à 44 ans), les problèmes liés au tabagisme (35% des hommes de 35 à 44 ans et 40% des femmes âgées de 25 à 34 ans) et les symptômes de manie (22% chez les hommes et 26 des femmes âgées de 45 à 54 ans).
Aider les médecins généralistes
Un résultat inattendu a été la faible prépondérance des cas chez les femmes. Les chercheurs n’ont pas décelé de réelles explications mais avancent que cela peut se justifier par le fait que les femmes sont plus susceptibles de demander de l’aide que les hommes.
Ces résultats fournissent des informations cliniquement utiles aux médecins généralistes qui devraient considérer que les symptômes signalés peuvent être associés à une psychose, telle que la schizophrénie, plutôt qu’à d’autres troubles de la santé mentale. Enfin, notent les chercheurs : "Nos travaux indiquent que certains patients consultent leur médecin de soins primaires jusqu'à 5 ans avant le diagnostic, ce qui leur offre une longue fenêtre d'opportunité pour une référence précoce."