Aux Etats-Unis, des chercheurs rapportent un nouveau cas clinique, détaillé dans la revue Journal of Central Nervous System Disease. Un adolescent de 14 ans qui, du jour au lendemain, est atteint de troubles psychotiques sévères. Et cela, à cause de la bactérie Bartonella, la bactérie des chatons. La découverte des chercheurs a fait suite à dix-huit mois d’errance médicale.
Tout commence le jour où ce jeune garçon explique qu’il est "un fils damné du diable" et qu’il veut mettre fin à ses jours. Il est agité, confus, exprime donc des sentiments dépressifs. Très vite, il est admis à l’hôpital où on lui diagnostique une schizophrénie. L’adolescent est traité avec des antipsychotiques, qui, au bout d’une semaine, lui permettent de ne plus avoir de pulsions suicidaires ni meurtrières. En revanche, il souffre toujours de psychoses.
18 mois de souffrance et d’incompréhension
Le jeune homme rentre chez lui mais très vite son état s’aggrave. Pensées obsessionnelles, instabilité émotionnelle et accès de rage… Il est obligé d’arrêter les cours. L’adolescent est persuadé que l’un de ses chats cherche à le tuer. Au mois de décembre 2015, c’est au tour de sa mère de devoir arrêter le travail afin de s’occuper de lui. De nouveaux symptômes font leur apparition: hallucinations visuelles, auditives et tactiles, fatigue extrême, migraines, crises de panique. Pendant dix-huit mois, une quinzaine de spécialistes va se pencher sur son cas, sans parvenir à améliorer son état. La liste des traitements s’agrandit: antidépresseurs, antipsychotiques, benzodiazépines. Mais rien n’y fait.
Un cas clinique "édifiant"
Il faudra une énième hospitalisation, en janvier 2017, pour sauver l’adolescent. Les médecins découvrent qu’il est atteint en réalité d’une schizophrénie infectieuse provoquée par la bactérie Bartonella henselae. Effectivement, le patient vivait dans une maison avec plusieurs chats et "avait subi des morsures et des égratignures de chat peu avant l’apparition de la maladie", selon l’étude. Cette bactérie, transmise de cette manière, peut provoquer des infections.
"C’est un cas clinique édifiant", déclare le Dr Guillaume Fond, psychiatre aux Hôpitaux de Marseille et responsable au Centre expert schizophrénie et dépression résistante. "Il montre que les médecins doivent systématiquement penser à cette piste en cas de nouveau cas de schizophrénie, ce qui est encore trop peu exploré à ce jour." En novembre 2017, les psychoses de l’adolescent ont disparu.
La bactérie des chatons, responsable d’autres pathologies ?
De son côté Ed Breitschwerdt, professeur émérite de médecine interne à l’université d’État de Caroline du Nord et principal auteur de l’étude, estime que "ce cas soulève la question de la fréquence à laquelle l’infection peut être associée à des troubles psychiatriques en général". Il y a peu d’études sur le sujet pour le moment. Mais certains chercheurs examinent le probable lien entre la bactérie Bartonella et la maladie d’Alzheimer par exemple. "Au-delà de ce cas, il y a beaucoup de tentatives pour comprendre le rôle potentiel des infections virales et bactériennes dans ces maladies médicalement complexes. Ce cas clinique nous donne la preuve qu’il peut y avoir un lien et offre la possibilité de mener des recherches à l’avenir."