Aujourd’hui dns le monde, 50 millions de personnes sont atteintes de démences. Et ce chiffre n’est pas prêt de diminuer puisque d’après l’OMS, elles devraient être 152 millions à l’horizon 2050. Parmi ces malades, 60 à 70% sont atteints d’Alzheimer, qui se manifeste le plus souvent par des troubles de la mémoire.
D’autres fonctions cérébrales sont ensuite touchées. Progressivement, les tâches quotidiennes deviennent de plus en plus difficiles et s’adapter à de nouvelles situations quasiment impossible pour les malades. Toutefois, une nouvelle étude pourrait à terme changer la donne. D’après des travaux parus en avril dans le Journal of The Alzheimer’s Disease, un régime cétogène, pauvre en glucides et riches en graisses, pourrait booster les réflexes cognitifs des personnes montrant des signes précoces de démence.
Dans cette étude préliminaire, des chercheurs de l’Université de Médecine de Baltimore dans le Maryland (Etats-Unis) ont suivi pendant 12 semaines 14 patients souffrant d’un début d’Alzheimer ou d’une déficience cognitive légère. Ils ont soumis la moitié d’entre eux à un régime Atkins, qui réduit le taux de glucides à 20 grammes par jour sans restriction de calories.
Apparition de cétones et meilleurs résultats cognitifs
L’autre groupe devait quant à lui suivre un régime similaire au méditerranéen, qui favorise les fruits, les légumes, les produits laitiers sans graisses, les graines et les protéines maigres. Les participants de ce second groupe ont donc continué à manger plus de 100 grammes de glucides par jour.
En prélevant les urines des volontaires tous les trois jours, les chercheurs ont découvert à partir de la sixième semaine des cétones dans celles de ceux qui suivaient le régime Atkins. C’est également à ce moment-là que la mémoire à court terme de ce groupe a commencé à s’améliorer lors des tests tandis que celle de l’autre groupe déclinait au contraire.
Les cétones comme source d’énergie alternative pour le cerveau
Chez les personnes saines, le cerveau utilise du glucose produit par la décomposition des glucides comme carburant principal. Mais les malades qui commencent à avoir Alzheimer ne peuvent plus métaboliser le glucose qui devient donc une source d'énergie inefficace.
Ainsi, en faisant suivre un régime cétogène riches en graisses et pauvre en féculents aux personnes souffrant d’une déficience cognitive légère ou d’un début d’Alzheimer, leur cerveau et leur corps commenceraient à utiliser des cétones, produites pendant la métabolisation des graisses, comme source d’énergie alternative.
"Si nous pouvons confirmer ces découvertes préliminaires, un changement de régime pour diminuer le déclin cognitif dans les démences précoces pourrait vraiment changer la donne. C’est quelque chose que plus de 400 médicaments expérimentaux (testés entre 2002 et 2012, NDLR) n’ont pas réussi à atteindre dans les essais cliniques", explique Jason Brandt, professeur en psychiatrie, sciences du comportement et neurologie.
Reproduire cette étude à échelle plus large
"C’est une petite étude avec seulement 14 participants donc il faut bien sûr la reproduire à plus large échelle (…) Nous voyons de plus en plus de chercheurs dans le monde étudier les impacts du régime cétogène sur la santé cérébrale et je ne pense pas que nous ayons encore tout compris", commente quant à elle au site Medscape Médical News Heather Snyder, directrice de l’Association américaine pour Alzheimer (qui n’a pas participé à ces travaux). "Avoir une meilleure compréhension de la nutrition nous permettra de maximiser notre santé cérébrale en vieillissant", avance-t-elle.
En France, à l’heure actuelle, la maladie d’Alzheimer touche directement ou indirectement 3 millions de personnes et près de 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. D’ici 2020, si la recherche ne progresse pas, le pays comptera 1 200 000 malades.