"J’avais l’impression d’être transpercée par du courant". Plus de 400 personnes ont saisi la justice fin juin pour empêcher la pause de compteurs Linky ou réclamer leur retrait en raison de potentiels effets néfastes sur la santé. Le tribunal de Nanterre doit trancher vendredi 2 août.
Mardi 30 août, treize plaignants vivant dans la région Centre ont déjà obtenu ce qu’ils voulaient et vont voir leurs compteurs retirés pour raison médicale. De nombreuses personnes se plaignent de symptômes divers et variés depuis l’installation chez elles d’un compteur Linky par Enedis afin de relever à distance et en direct la consommation d’électricité. "Je n'ai jamais eu de problèmes de sommeil, je n'ai jamais pris de cachets pour dormir. Et là le compteur Linky arrive, et je deviens insomniaque", témoigne Véronique, 51 ans, auprès de France Info. Elle raconte par ailleurs avoir "attrapé des plaques sur le visage" juste après la pose de son compteur. Diagnostiquée électro-hypersensible à cette période, Véronique a plus de chance de voir sa plainte contre Enedis aboutir si elle présente son certificat médical à la justice, fait valoir son avocat.
Depuis son premier déploiement en 2015, le compteur Linky fait l’objet de nombreuses polémiques. En mai 2018, 300 personnes ont notamment fait parler d’elles en formant une chaîne humaine dans le village d’Autrans en Isère pour protester contre cette machine. Depuis l’installation de cette dernière, vingt-deux tribunaux ont déjà été saisis d’actions conjointes en France. Mais la plupart des plaignants ont été déboutés.
Un mal encore très controversé
Dans la région Centre, sur 121 référés anti-Linky, cités dans trois jugements et déposés par des habitants opposés à la pause de ce compteur chez eux, 108 ont été rejetés mardi tandis que seulement 13 ont été admis pour des raisons médicales. L'avocat d'Enedis, Laurent Martinet, compte faire appel de la décision du tribunal de grande instance de Tours car selon lui, "ce compteur ne présente aucun désagrément".
L’hypersensibilité électromagnétique, dont on parle de plus en plus en raison de l’augmentation des ondes venant de divers appareils (téléphones, ordinateurs, télévisions, micro-ondes, antennes relais…), est un mal encore très controversé.
En 2016, l’Anses a rendu un rapport sur les effets des ondes sur la santé. Ses résultats ne permettent pas de conclure à l’existence ou non d’effets des radiofréquences chez les enfants sur le comportement, les fonctions auditives, le développement, le système reproducteur mâle et femelle, le système immunitaire, la toxicité systémique, les effets cancérogènes et les effets tératogènes. L'Agence avait en revanche conclu "à un effet possible de l’exposition aux radiofréquences sur le bien-être des enfants et leurs fonctions cognitives (mémoire, fonctions exécutives, attention), même si "les effets observés sur le bien-être pourraient toutefois davantage être liés à l’usage des téléphones mobiles plutôt qu’aux radiofréquences qu’ils émettent".
Acouphènes, palpitations, migraines…
Les personnes se plaignant d’hypersensibilité électromagnétique, maladie non reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), rapportent quant à elles de nombreux symptômes. Parmi eux on retrouve : une grande fatigue et difficulté à se concentrer, des maux de tête et des étourdissements, des nausées, des acouphènes, des troubles digestifs, des palpitations cardiaques, des picotements et des sensations de brûlure dans les oreilles ou encore un état anxieux ou dépressif.
Les plus vulnérables face aux ondes sont ceux souffrant de troubles du rythme cardiaque, les femmes enceintes, les porteurs d’implants et les individus travaillant dans des milieux à risque tels que le personnel de cantine, médical, les électriciens ou encore les employés du secteur de la télécommunication.
Si vous vous sentez incommodé, rendez-vous chez un médecin qui établira un avis de comptabilité entre vos symptômes et les ondes électromagnétiques auxquelles vous êtes soumis au quotidien.