En France, 40 000 à 50 000 personnes décèdent d’un arrêt cardiaque soudain chaque année, soit environ 130 par jour. Ce phénomène, communément appelé "mort subite" est le plus souvent causé une interruption de l’activité électrique normale du corps. Il se caractérise par une perte immédiate des fonctions cardiaques, de la respiration et de l’état de conscience. Les victimes ne présentant généralement aucun symptôme précurseur, une rapide intervention de réanimation cardiorespiratoire (RCR) peut faire toute la différence.
Tous les arrêts cardiaques liés au sport enregistrés
D’après une nouvelle étude, l’augmentation de ces soins aurait permis d’entraîner une diminution des décès par arrêt cardiaque lié au sport ces dernières années en région parisienne. Ces résultats ont été présentés ce lundi 2 septembre au Congrès annuel de la société européenne de cardiologie qui se tient jusqu’au 4 septembre à Paris porte de Versailles.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs du Centre d’Expertise de Morts Subites de Paris ont enregistré tous les arrêts cardiaques soudains survenus pendant ou après une séance de sport entre 2005 et 2010 (158 cas) puis entre 2011 et 2016 (162 cas) dans Paris et ses environs. Le plus souvent, les victimes étaient des hommes (94 à 96%), d’une moyenne d’âge se situant entre 49 et 52 ans, ont remarqué les scientifiques. Par ailleurs, seuls 14 à 17% d’entre elles présentaient des antécédents de maladies cardiaques avant leur arrêt.
Le taux de survie général des athlètes victimes d’arrêts cardiaques a augmenté de deux tiers
Autre observation intéressante : le recours à la RCR était plus fréquent de 2011 à 2016 (81%) comparé à la période allant de 2005 à 2010 (46%). Dans le même temps, l’utilisation du défibrillateur automatique externe a elle aussi augmenté, passant de 11,9% à 1,3%.
En tout, le taux de survie général des athlètes ayant souffert d’arrêt cardiaque a augmenté de 2/3 entre les deux périodes, passant de 20% à 60%. Dans le détail, au cours de la seconde période de l’étude, 85% des patients avaient survécu à une admission à l’hôpital contre 51% au cours de la première. Les taux de survie à la sortie sont quant à eux passés de 26% à 43%. Quant à la mortalité au sein même de l’hôpital, elle est restée stable (aux alentours de 51%). Ainsi, le fardeau global de la mortalité entraînée par les arrêts cardiaques liés au sport est passé de 4,3 à 3,4 morts par million d’habitant chaque année.
"Cette étude a été réalisée pour évaluer les tendances de l'incidence et de la survie des arrêts cardiaques soudains liés au sport. Au début, nous nous attendions à une diminution de l'incidence due aux programmes de dépistage et à une augmentation de la survie due à la RCR", explique le professeur Xavier Jouven, responsable du Centre d'expertise sur la mort subite de Paris et en charge de cette étude.
Des difficultés d’identification précoce des personnes à haut risque
"Nous avons observé une diminution importante du nombre de décès dus à des arrêts cardiaques soudains lors d'activités sportives sur une période de 12 ans, ce qui était lié à une RCR plus fréquente. L'incidence statique est probablement causée par les difficultés d'identification précoce des personnes à haut risque d'arrêt cardiaque soudain pendant le sport", poursuit-il. Rappelons que dans la plupart des cas, ce sont les institutions sportives et non les autorités sanitaires qui décident de dépister les athlètes dans le but d’identifier les personnes à risque.
"Pour améliorer davantage la survie après un arrêt cardiaque, la RCR devrait être enseignée au grand public et en particulier aux praticiens de la médecine sportive (..) A l'avenir, les montres intelligentes et les T-shirts connectés à Internet pourraient nous avertir de signes avant-coureurs quelques minutes ou quelques heures avant l'arrêt cardiaque, ce qui permettrait une réanimation et une prévention précoces", conclut le Docteur Jouven.
Le Centre d’Expertise de Morts Subites de Paris est le premier institut au monde consacré à cette thématique. Sur son site, le professeur Jouven rappelle que sur 3 500 arrêts cardiaques en Ile-de-France, seuls 450 sont pris en charge dans les services de réanimation et seules 150 des personnes concernées survivent.