Longtemps restée le mode de contraception préféré des femmes, la pilule contraceptive perd depuis quelques années du terrain au profit d’autres dispositifs comme le stérilet. Si le scandale lié aux pilules de 3e et de 4e génération y est sans doute pour beaucoup, la charge mentale que ce mode de contraception fait peser sur les femmes est peut-être aussi à blâmer. Avec une pilule à prendre chaque jour pendant 21 ou 28 jours, c’est aux femmes qu’incombe en effet la responsabilité d’éviter une grossesse en n’oubliant pas de prendre un comprimé.
Il leur cependant peut-être bientôt possible de ne plus avoir à se soucier qu’une fois par mois de prendre leur pilule. C’est en tout cas la promesse d’une nouvelle découverte, faite par des chercheurs du Brigham and Women's Hospital et du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Dans une étude publiée dans Science Translational Medicine, ils expliquent être en train de travailler sur une nouvelle méthode contraceptive : un comprimé oral à ne prendre qu’une seule fois par mois. Ce dernier est capable de rester dans l’estomac pendant la durée du cycle menstruel et de libérer des hormones qui bloquent l’ovulation.
Une libération hormonale pendant 29 jours
"Notre capsule représente un progrès majeur vers la fourniture aux femmes d'un contraceptif une fois par mois. Pour beaucoup, c'est difficile à croire. Mais nos données précliniques nous encouragent dans cette voie", affirme le Dr Giovanni Traverso, gastro-entérologue et médecin-chercheur au Brigham et au MIT. "Nous avons commencé notre travail sur la libération prolongée de molécules en travaillant sur les traitements contre le paludisme, la tuberculose et le VIH. Mais dès le début, nous avons eu des discussions sur l'impact potentiel que la libération prolongée de molécules pourrait avoir sur la planification familiale. Nous voulions aider les femmes à se prendre en charge en ce qui concerne le contrôle de la fertilité et nous sommes heureux de faire état de nos progrès vers cet objectif."
Ce contraceptif nouvelle génération se présente sous la forme d’une capsule en forme d’étoile à six bras : d’abord repliée pour pouvoir être ingérée, elle se déploie une fois arrivée dans l’estomac. Elle peut alors libérer le lévonorgestrel, un contraceptif oral qui permet de bloquer l’ovulation.
L’innovation réside dans la forme de la capsule : en se déployant dans l’estomac, elle mesure près de 2 cm de diamètre, ce qui lui permet d’être trop grosse pour traverser le système digestif. Elle se dégrade alors progressivement, bras par bras, pour ensuite être évacuée par l’organisme au bout de 29 jours maximum.
Pour le moment, ce contraceptif est encore à l’essai : les chercheurs testent actuellement sur des porcs la concentration nécessaire pour une libération prolongée des hormones. Des essais sur les humains devraient avoir lieu en 2021. Il faudra donc s’armer de patience avant de pouvoir se faire prescrire cette pilule mensuelle.