Garder le moral en maison de retraite n’est pas toujours facile. Pour preuve, l’enquête CARE de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée vendredi 31 janvier, conclut qu’un tiers des personnes âgées vivant en Ehpad sont en “situation de détresse psychologique”.
La Drees, organisme d’audit rattaché au ministère de la Santé, a réalisé une enquête entre 2015 et 2016 et comparé l’état de santé de plusieurs milliers de seniors, âgés de 75 ans ou plus, vivant à domicile et en maison de retraite. Elle les a interrogés sur une liste de maladies et de symptômes dépressifs, et construit un indicateur de bien-être à partir d’un questionnaire sur leur ressenti psychologique.
En établissement spécialisé, des seniors plus tristes et plus fatigués
Le résultat montre que 56% des résidants d’établissements de santé déclarent avoir souffert de fatigue, lassitude ou épuisement au cours de l’année, contre 44% seulement pour les personnes résidant chez elles. Le manque d’appétit et de motivation pour effectuer des activités quotidiennes est respectivement deux et sept fois plus fréquents chez les personnes vivant en établissement que parmi celles restées à domicile.
La santé psychologique des seniors en Ehpad est également plus dégradée. Un tiers de ceux qui vivent dans ces établissements déclare ne se sentir “jamais ou rarement heureux”, contre 15 % des seniors à domicile. Les seniors placés en maison de retraite sont deux fois plus nombreux à se déclarer “tristes souvent ou en permanence au cours du mois”. En tout, 18% des seniors placés en établissement spécialisé estiment souffrir de dépression contre environ 7% des personnes âgés qui vivent chez eux.
Un état de “détresse psychologique”
Un état de santé psychologique plus fragile qui pousse les seniors placés en maison de retraite à consommer plus d’antidépresseurs : environ un sur deux, contre un sur sept chez ceux qui résident à domicile. En tout, un résidant en Ehpad sur trois apparaît en situation de “détresse psychologique” contre un quart de ceux qui sont restés vivre chez eux.
La Drees précise que cet écart est surtout dû à “la dégradation de l’état de santé de ces personnes qui est la cause majeure de l’entrée en établissement spécialisé”. En effet, 91 % des personnes qui entrent en Ehpad y vont à cause d’un mauvais état de santé ou de leur âge.
Les relations sociales au sein de l’Ehpad : facteur clé
Les relations sociales au sein de ces établissements spécialisés dans la dépendance apparaissent comme le premier facteur d’influence sur la santé psychologique des seniors. La Dress indique que plus ces personnes âgées auront du mal à interagir avec le personnel et les autres seniors, plus elles se déclareront en dépression. Ainsi, 64% des seniors qui ont des difficultés relationnelles sont en “détresse psychologique” contre 24% de ceux qui n’ont pas de problème à nouer des liens.
Les relations sociales avec l’extérieur vont également influer sur l’état de santé mentale des seniors. L’étude montre que ceux qui n’ont pas de visite ont un meilleur moral que les résidents qui espèrent et attendent des visites de leurs amis et familles et qui se trouvent déçus quand ils ne viennent pas.