- Le Chine redoute une "deuxième vague" de l'épidémie
- Des chercheurs rappellent que cette deuxième vague est souvent plus dangereuse que la première
- Ils soulignent que le déconfinement doit s'accompagner d'une surveillance en temps réel de la mobilité sociale
Le bilan des décès liés au Covid-19 dans le monde s'élève à plus de 100 000. Alors qu’une grande partie du globe est confinée, la Chine commence tout juste à autoriser ses habitants à sortir de chez eux. Mais jugulation de l’épidémie ne signifie pas éradication totale. Comment éviter une deuxième vague ?
Une étude parue dans The Lancet et dirigée par des chercheurs de l'Université de Hong Kong a établiles scénarii possibles en se basant sur l’analyse de l’évolution de transmission du virus entre mi-janvier et fin février. Le nombre de reproduction instantanée de Covid-19 a été estimé à Pékin, Shanghai, Shenzhen, Wenzhou, ainsi que dans les dix provinces chinoises qui ont enregistré le plus grand nombre de cas confirmés de Covid-19.
Un modèle de récupération des matières infectieuses sensibles a également été établi afin de montrer les effets potentiels d'un assouplissement des mesures de confinement après la première vague d'infection, en prévision d'une éventuelle deuxième vague. Dans toutes les villes et provinces sélectionnées, le taux de mortalité a considérablement diminué depuis le 23 janvier, date à laquelle les mesures de quarantaine ont été instaurées.
La prudence est de mise
Les risques d’une deuxième vague sont toutefois bel et bien réels, compte tenu du caractère pandémique de la crise sanitaire et (du moins pour l'instant) de l’absence d’un vaccin efficace. "Les cas pourraient facilement réapparaître à mesure que les entreprises, les activités des usines et les écoles reprennent progressivement et augmentent la mixité sociale, en particulier compte tenu du risque croissant de cas importés de l'étranger puisque Covid-19 continue de se répandre dans le monde entier", avertit le professeur Joseph T Wu de l'université de Hong Kong, co-auteur de la recherche.
Le taux de base de reproduction du virus, plus couramment désigné sous l’appellation "Ro", sera à surveiller de très près, alertent les auteurs de la publication. Car si celui-ci dépasse le seuil 1, l’épidémie risque de repartir de plus belle. Les chercheurs rappellent notamment que c’est pendant la deuxième vague que la grippe espagnole du début du 20e siècle s’est avérée la plus meurtrière.
"La surveillance en temps réel de l'effet de la mobilité et de la mixité sociale accrues sur la transmissibilité de Covid-19 pourrait permettre aux décideurs politiques d'affiner les mesures de contrôle pour interrompre la transmission et minimiser l'impact d'une éventuelle seconde vague d'infections", estime le Pr Wu.
Fin mars, une autre étude également parue dans The Lancet a établi plusieurs cas de scénarii à partir d’une simulation informatique pour prédire la survenue d’une éventuelle deuxième vague d’épidémie en Chine. La recherche avait conclu qu’une levée des restrictions des mesures de quarantaine en avril pouvait retarder l’apparition d’une nouvelle épidémie d'environ un mois et demi (soit en octobre au lieu de fin août si les mesures avaient été levées en mars).