Alors que la date du 11 mai approche, la préparation de l’après confinement est sur toutes les lèvres. Malheureusement, l’immunité au coronavirus sur laquelle nous comptions tous est de plus en plus remise en question par les scientifiques. La semaine dernière, le directeur général de la Santé Jérôme Salomon déclarait : “Ce virus a émergé il y a trois mois, donc nous n’avons pas encore beaucoup de recul sur son évolution et sur la réponse de l’Homme à l’infection.” Dans le même temps, le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’interrogeait : “Est-ce que vous développez à chaque fois des anticorps ou seulement lors de formes graves? Combien de temps après l’apparition du virus vont apparaître ces anticorps? Est-ce une bonne mémoire efficace durable ou bien fragile, fugace et temporaire?” Aujourd’hui, sur Franceinfo, Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, assure qu’“on est parti pour des mois de cohabitation avec le virus, tant qu’on a pas trouvé de vaccin.” Car si l’on en trouve un, “ce ne sera pas avant l’horizon 2021”, explique-t-elle lundi 20 avril.
“Ce n'est pas parce qu'à partir du 11 mai, on va lever le confinement progressivement que le virus aura disparu. Le virus continuera de circuler dans la population”, rappelle-t-elle d’abord. Alors que les cas continueront d’affluer, l’objectif sera d’en avoir le moins possible en même temps afin de pouvoir les prendre en charge correctement.
Interrogée sur la question des masques, la spécialiste rappelle que si le masque alternatif ou chirurgical “vous empêchera de projeter des postillons”, cela ne vous protégera pas des autres. “C'est un geste altruiste”, explique-t-elle, insistant sur l’intérêt de maintenir les gestes barrières (distanciation sociale, lavage de main régulier, tousser dans son coude, utiliser un mouchoir à usage unique…).
“Au bout d'une à deux semaines, les symptômes réapparaissent”
Quant à l’immunité qu’un patient pourrait développer après avoir été touché par le Covid-19, on “n’en est pas encore tout à fait sûr”, explique Karine Lacombe. “Il semblerait, en l'état actuel des connaissances, que ce soit plutôt des rechutes que des ré-infections. C'est-à-dire que l'on fait un premier épisode avec de la fièvre. On se rend compte qu'on a le virus et puis pendant quelques jours tous les symptômes disparaissent, et au bout d’une à deux semaines, les symptômes réapparaissent. On a vu quelques cas avec des personnes qui avaient de nouveau des symptômes, mais beaucoup moins fort qu'au début. Quand on refait une PCR, on se rend compte qu'il y a toujours du virus. Alors, est ce que le virus a persisté à l'état beaucoup plus faible pendant quelques semaines et puis, s'est remis à se multiplier ? On ne sait pas”, reconnaît-elle.
“Si c'est une infection, c'est-à-dire qu'on l'a attrapée une fois, qu'on n'a pas développé d'anticorps protecteurs et qu'on le ré-attrape parce qu'on n'est pas protégé, alors ça change complètement la donne, parce que ça veut dire qu'on n'aura plus d'immunité collective autre que par celle qu'on peut acquérir avec un vaccin”, s’inquiète la spécialiste.
La Corée du Sud sème le doute
D’habitude, quand un individu est infecté par un virus, son système immunitaire ne le reconnaît pas. Cela entraîne des symptômes et une ou plusieurs maladies avant que l’organisme ne puisse le combattre. Après l’infection, une mémoire immunitaire émerge, portée par la présence d’anticorps. C’est ce qui permet à l’organisme de mieux combattre le risque d’une seconde infection.
Toutefois, en Corée du Sud, des chercheurs ont récemment observé une résurgence du Covid-19 chez les personnes rétablies. Lundi 13 avril, le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies a ainsi annoncé que 51 patients considérés comme guéris avaient de nouveau été testés positifs. Toutefois, d’après la directrice générale du Centre, Jeong Eun-kyeong, le virus aurait simplement pu ressurgir dans l'organisme de ces patients, testés positifs peu après leur sortie de quarantaine.
“Nous accordons beaucoup d'attention à cette réactivation du virus comme cause possible, nous menons une étude approfondie à ce sujet”, a-t-elle déclaré, indiquant qu'“il y a eu de nombreux cas où un patient pendant le traitement sera testé négatif un jour et positif un autre.” Un patient est considéré comme complètement guéri quand deux tests réalisés à 24 heures d’intervalle donnent des résultats négatifs. Divers travaux de recherche sont actuellement en cours afin d’en savoir plus sur la question.