- Un test permettant de connaître son degré d'immunité a été mis au point par Pasteur
- Il mesure la capacité des anticorps à inhiber l'entrée du virus dans une cellule
- Ce test pourrait être prochainement accessible pour les particuliers
Voilà enfin une bonne nouvelle. Alors que la date du 11 mai approche à grands pas, l’après-confinement devrait être facilité par la mise au point d’un “test de sérologie capable de préciser le degré d’immunité des malades guéris du CoV2”, annonce Libération lundi 27 avril. Expérimenté pour la première fois dans le cadre de l’étude de l’Institut Pasteur sur le lycée Jean-Monnet de Crépy-en-Valois (Oise), ce test pourrait être accessible aux particuliers très prochainement. Après quoi, cet outil pourrait aider à gérer au mieux la phase de déconfinement.
Contrairement aux tests sérologiques existants qui détectent seulement la présence d’anticorps dans l’organisme après une infection au coronavirus et ne peuvent pas dévoiler si la personne est protégée ou non d’une nouvelle infection (d'où les zones d'ombre qui demeurent autour de l'immunité contre ce nouveau virus), cette prise de sang renseignera sur l’efficacité des anticorps. Ainsi, cet outil serait capable de classer les degrés d’immunité en trois catégories : fort neutralisant, faible et non-neutralisant.
“Nous avons mis au point un test de ‘séro-neutralisation’ qui détecte les anticorps mais surtout qui mesure leur capacité à inhiber l'entrée du virus dans une cellule”, explique le fondateur et directeur scientifique de TheraVectys, le virologue Pierre Charneau, à Libération.
Un taux d’erreur “très faible”
Reste toutefois la question de la fiabilité du test sérologique. En effet, l’examen pourrait donner de faux positifs, soit “une personne détectée positive en anticorps neutralisants mais qui ne serait en réalité pas protégée” et qui propagerait donc le virus. Cependant, “nous avons pratiqué des milliers de tests et, pour le moment, on n’a jamais eu de faux positif. Avec si peu de recul, il est très difficile de garantir 100 % de fiabilité. Ce dont on est aujourd’hui certain, c’est que le taux d’erreur est très faible”, assure Pierre Charneau.
Quant à la production, “fabriquer ce test à très haut débit n'est pas un problème majeur, explique l’expert. On a en magasin tous les réactifs nécessaires pour en produire plusieurs centaines de milliers. Une seule machine de l’Institut Pasteur suffit pour analyser de 50 000 à 100 000 échantillons par semaine. Le principe est donc de multiplier les centres sur le territoire de façon à obtenir un très haut débit d’analyses.”
Toutefois, à l’heure actuelle, le test n’est pas encore disponible pour les particuliers. Le laboratoire n’est pas encore habilité “à délivrer un diagnostic personnalisé, explique Pierre Charneau. Les procédures de validation réglementaire pour les tests à diagnostic humain personnalisé sont plus longues. La Haute Autorité de santé (HAS) a établi un cahier des charges auquel nous sommes soumis. Il exige par exemple une fiabilité d’au moins 98 %. On est largement dans cet étiage, mais il faut le démontrer expérimentalement, et cela prend plusieurs semaines. On n’en est pas là.”
Une fois le feu vert donné par la HAS, il sera possible d’aller se faire tester par une prise de sang dans un laboratoire d’analyses de ville. Les résultats mettront ensuite deux jours à arriver.
La population de Crépy-en-Valois étudiée à la loupe
Depuis fin mars, l'Institut Pasteur focalise ses études séro-épidémiologiques sur la population de Crépy-en-Valois (Oise), premier foyer majeur de l’épidémie de Covid-19 en France. Pour mieux comprendre les conséquences et la diffusion du virus chez les jeunes, une nouvelle enquête aura lieu du mardi 28 au jeudi 30 avril sur des enfants volontaires.
Il est prévu que les sujets s’entretiennent avec un médecin pour évaluer leur état de santé depuis début février, puis un prélèvement sanguin sera effectué. Il révélera ou non la présence d’anticorps au Covid-19. “Tout le sang prélevé ne sera pas utilisé pour cette étude”, explique France3 Régions. “Le volume restant sera congelé et conservé en collection dans une biothèque” accessible à la communauté scientifique pour des recherches portant sur le virus et sur l’immunité contre ce dernier ou des infections similaires.
Les échantillons pourront dès lors “être transmis à d’autres scientifiques de l’Institut Pasteur ou d’autres laboratoires en France ou à l’étranger menant des recherches sur le coronavirus", précise l'Institut Pasteur.
Grâce à cette étude, l’organisme espère “évaluer le pourcentage d’enfants ayant été infectés par le coronavirus” et comprendre "dans quelle mesure les enfants de cet âge peuvent avoir transmis la maladie à leurs parents" et “mieux comprendre [leur] contribution dans la transmission du virus”. Et de préciser que “ces informations sont primordiales pour affiner la stratégie de déconfinement qui sera mise en oeuvre en France à partir du 11 mai.”