- La phobie sociale touche entre 2 et 4% de la population
- Ce trouble débute en général à l'adolescence
- Les caractères instables et introvertis sont particulièrement touchés
L’ anxiété sociale, également appelée “phobie sociale” est un trouble qui se caractérise par une angoisse survenant lors de situations impliquant des interactions sociales. Il toucherait 2 à 4% de la population et affecterait davantage les femmes que les hommes, débutant à l’adolescence.
Cette phobie pousse les malades à réduire leurs activités de loisir, complique leurs relations amoureuses et bien sûr leur vie professionnelle. Les patients ont tendance à éviter les déplacements et les contacts avec les autres au maximum, mettent beaucoup de temps à sortir de chez eux, arrivent en retard aux rendez-vous et ignorent les coups de téléphone. Le plus souvent, ce trouble est accompagné d’épisodes dépressifs et tout cela peut conduire le malade à développer des comportements à risque tels qu’une consommation abusive d’anxiolytiques ou d’alcool. Certains individus submergés par une angoisse permanente en viennent même à se suicider. D’après une nouvelle étude suédoise parue le 29 avril dans la revue Plos One, les personnes atteintes d’anxiété sociale auraient tendance à souffrir d’instabilité et émotionnelle et à être introverties, mais selon différents degrés. Prendre en compte ces derniers aiderait à une prise en charge plus adaptée du malade et donc meilleure.
Ici, les chercheurs ont suivi 256 personnes souffrant de phobie sociale. Les sujets ont effectué des tests de personnalité et ont été comparés à un groupe témoin sans trouble mental. Les scientifiques ont alors remarqué que les personnes souffrant d’anxiétés sociales avaient tendance à se replier sur elles-mêmes et à être émotionnellement instables.
Trois sous-groupes
“Le trouble d'anxiété sociale semble être un problème qui est fortement lié à la personnalité, mais en même temps il montre une grande variation”, commente le professeur Tomas Furmark du département de psychologie de l'université d'Uppsala (Suède), qui a dirigé l'étude. En effet, celle-ci a permis de mettre en lumière une grande variation de traits de personnalités parmi les personnes atteintes de phobie sociale. Trois groupes de personnalités ont pu être distingués.
Le premier, était formé de personnes anxieuses et introverties. Ces dernières, atteintes d’une “une anxiété sociale prototypique” représentaient 33% de l’échantillon total des patients. Les sujets du deuxième groupe (29%) étaient également introvertis mais plus modérément anxieux. Enfin, le troisième groupe (38% des patients) était composé d’individus souffrant d’un trouble d’anxiété sociale instable-ouvert, anxieux mais extravertis à un degré presque normal.
“Il est possible que les causes de l'anxiété sociale diffèrent pour les trois groupes, par exemple, en ce qui concerne les anomalies des niveaux de neurotransmetteurs cérébraux et les facteurs génétiques. Il est également possible que des efforts de traitement différents soient nécessaires pour les différents types de troubles d'anxiété sociale, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour clarifier ce point”, explique Furmark.
Stratégies différentes pour caractéristiques de personnalité différentes
Au cours de ces prochaines études, les personnalités des sujets devront être évaluées au préalable, avancent les chercheurs. “L'évaluation de la personnalité pourrait améliorer le phénotypage clinique et la précision du diagnostic, permettant une meilleure compréhension de la structure hiérarchique de l'anxiété sociale par rapport à d'autres troubles d'intériorisation ou d'autres conceptualisations comme le trouble de la personnalité évitante. Cela pourrait également permettre le recrutement d'échantillons plus homogènes, par exemple dans les essais de neuro-imagerie, de génétique et de traitement où les échantillons sont souvent de petite taille. Enfin, cela pourrait faciliter la planification du traitement et la prévision des réactions, par exemple en renseignant sur les forces et les faiblesses individuelles qui ont une incidence sur le choix des techniques psychothérapeutiques, des agents pharmacologiques ou de leur combinaison”, notent-ils.
“Les sous-types de personnalité du trouble de l’anxiété sociale (TAS) peuvent avoir des étiologies différentes et il semble plausible que des individus présentant des caractéristiques de personnalité très différentes nécessitent des stratégies de traitement différentes.”.
Un risque familial ?
Dans le passé, certaines études sur l’anxiété sociale ont mis en avant un risque familial. Si dans une famille, un individu souffre d’anxiété sociale, il y a plus de probabilité qu’un autre membre en soit également atteint. D’autres recherches ont quant à elles révélé des perturbations hormonales chez les patients. Leur taux de cortisol, l’hormone du stress, serait perturbé. L’éducation et l’environnement semblent aussi jouer un rôle dans la survenue de ce trouble. Sans surprise, les enfants ayant grandi avec peu d’interactions avec l’environnement extérieur ou ayant bénéficié d’une surprotection parentale sont plus susceptibles de développer une phobie sociale en grandissant. Enfin, celle-ci peut puiser sa source dans une expérience traumatisante liée au jugement des autres.
Si vous pensez souffrir d’anxiété sociale, consultez un médecin qui vous orientera vers une psychothérapie cognitive et comportementale, en individuel ou en groupe. Le travail aura pour objectif d’élargir votre zone de confort, vous aidant à vous confronter progressivement aux situations angoissantes. En complément du suivi thérapeutique, il arrive également que certains spécialistes recommandent des antidépresseurs et des tranquillisants en cas de gros blocage.