- Le processus d'anesthésie générale se déroulerait en 2 étapes dans le cerveau
- Mieux comprendre les mécanismes de l'anesthésie peut induire de nouvelles découvertes sur la biochimie du sommeil
- Environ 9 millions d'anesthésies générales sont pratiquées chaque année en France
Comment l'anesthésie générale agit-elle sur le cerveau humain ? Comment est-elle capable de nous faire perdre conscience ? C'est la question à laquelle semblent avoir répondu des chercheurs du Scripps Research Institute, un centre de recherche biomédicale américain, et dont les travaux ont été publiés dans la revue PNAS.
Un processus en deux étapes
L'utilisation courante de l'anesthésie générale est introduite à la médecine depuis 175 ans environ, période durant laquelle la communauté scientifique, bien que satisfaite de son efficacité, n'a jamais vraiment compris ses mécanismes. Le débat était double : les substances utilisées pour anesthésier un patient agissent-elles sur les canaux ioniques de la membrane cellulaire ou sur la membrane elle-même ?
Après cinq années de recherches, les docteurs Richard Lerner et Scott Hansen ont enfin percé le mystère et avancent que le processus d'anesthésie se déroulerait finalement en 2 étapes : les anesthésiques perturberaient d'abord les radeaux lipidiques, des structures rigides présentes dans la membrane cellulaire, ce qui engendrerait une succession d'actions biologiques menant à la perte de connaissance.
“Nous pensons qu'il ne fait aucun doute que cette nouvelle voie est utilisée pour d'autres fonctions cérébrales au-delà de la conscience, ce qui nous permet désormais d'éliminer d'autres mystères du cerveau”, a détaillé le docteur Lerner. Cette découverte pourrait en effet permettre aux chercheurs de mieux comprendre les mécanismes liés à la biochimie du sommeil.
Un peu d'histoire
Durant des centaines d'années, arracheurs de dents et chirurgiens ont “soigné” le corps humain à vif, en optimisant la rapidité de leurs gestes pour rendre l'acte médical moins douloureux. En 1846 enfin, William Morton, chirurgien à l'hôpital de Boston, enlève une dent à l'un de ses patients anesthésié avec de l'éther.
Le chloroforme est ensuite découvert et popularisé l'année suivante, mais c'est en 1860 que le médecin français Claude Bernard propose l'anesthésie combinée associant morphine et chloroforme. D'autres molécules, extraits de plantes et substances sont ensuite testées. Aujourd'hui, l'anesthésie générale que nous connaissons regroupe trois grandes familles de médicaments qui peuvent être associées : les hypnotiques, les analgésiques et les curares.
Les risques liés à une anesthésie générale
En France, environ 9 millions d'anesthésies générales sont pratiquées chaque année. Le taux de mortalité varie de 0,4 pour 100 000 chez les patients en bonne santé, à 55 pour 100 000 pour ceux atteints d'une pathologie. “Avoir une anesthésie générale présente plus de risques que de voyager en train, mais c'est plus sûr que de monter dans sa voiture”, résumait en 2018 au Monde André Lienhart, chef du service d'anesthésie-réanimation du CHU Saint-Antoine à Paris.
En 2015, des risques chez les moins de 4 ans ont été rapportés comme une diminution de densité de la matière grise dans les régions postérieures du cerveau. L'année précédente, un rapport du Royal College of Anaesthesists et de l’Association of Anaesthesists of Great Britain and Ireland avançait qu'une fois toutes les 19 000 opérations, un patient se réveillait pendant son intervention, malgré l'anesthésie générale. Un événement traumatisant induisant dans certains cas des douleurs, une paralysie et un sentiment de panique.