L’antibiorésistance fait partie des enjeux majeurs en matière de santé mondiale. Elle désigne le fait que des bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques. Si l’utilisation massive et parfois inappropriée des antibiotiques y contribue, d’autres facteurs peuvent en être responsables. Une étude parue dans Microbial Biotechnology indique que la pollution serait également liée à ce phénomène. D’après les chercheurs de l’université de Géorgie aux États-Unis, une pollution des sols par les métaux lourds pourrait contribuer à l’antibiorésistance.
Des bactéries capables de résister aux antibiotiques
Les scientifiques ont constaté que la présence de bactéries, dont les gènes étaient caractéristiques de l’antibiorésistance, en fortes concentrations dans des sols riches en métaux lourds, situés en Caroline du Sud. Les bactéries acidobacteriaoceae, bradyrhizobium, et streptomyces ont des gènes qui leur permettent de résister à trois molécules : la polymyxine, la vancomycine et la bacitracine. Elles sont toutes les trois utilisées dans la fabrication de médicaments pour soigner des infections. Les bactéries avaient également des gènes de multi-résistance aux métaux, pour survivre face à l’arsenic, le zinc ou encore le cadmium.
De la nécessité de comprendre l’évolution des bactéries
D’après l’un des auteurs de l’étude, Jesse C. Thomas, les micro-organismes présents dans le sol développent de nouvelles stratégies pour se protéger. “L’excès d’utilisation des antibiotiques dans l’environnement ajoute une pression supplémentaire sur les micro-organismes, cela augmente leur capacité à résister à différents types de molécules”, explique-t-il. Pour lui, il est clair que l’agriculture ou la combustion d’énergies fossiles participent à la résistance des bactéries aux antibiotiques. “Nous avons besoin d'une meilleure compréhension de l’évolution des bactéries sur la durée, signale-t-il, cela peut avoir un impact sur l'eau potable, la nourriture et même sur notre santé.”
Un danger mondial
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe l’antibiorésistance parmi les “plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement”. Ce phénomène rend le traitement de certaines infections plus difficile, comme la tuberculose ou la pneumonie, car les médicaments deviennent moins efficaces. L’OMS recommande de ne pas abuser des antibiotiques, mais aussi de se prévenir des infections en respectant les règles d'hygiène, comme le lavage des mains, et en se vaccinant.