- L’insuline est placée entre des nanomatériaux résistants à l’acide gastrique mais sensibles au sucre.
- Ces nanomatériaux parviennent à libérer la quantité suffisante d’insuline dont le corps a besoin et éviter d’éventuels surdosages.
Une prochaine révolution pour les patients atteints de diabète ? Depuis le 11 janvier 1922, date de la première injection d’insuline sur l’Homme, cette technique d’administration sous-cutanée est utilisée par les patients diabétiques pour maintenir leur niveau de glycémie à des valeurs normales. Depuis plusieurs années, les chercheurs tentent de trouver une alternative à cette méthode contraignante des piqûres quotidiennes. Des scientifiques de l’université de New-York à Abu Dhabi semblent avoir trouvé une pilule efficace qui parvient à éviter la destruction par les acides gastriques, longtemps point de blocage à la conception d’un traitement oral. Ils ont présenté leurs résultats le 6 avril dans la revue scientifique Chemical Science.
Éviter les retards de traitement
L’objectif premier des chercheurs est de fournir un moyen moins rebutant pour les patients de traiter leur diabète. Une étude parue en novembre 2017 dans la revue Diabetic Medicine a estimé que près d’un tiers des patients (30%) retardent le traitement par insuline à cause des craintes concernant l’auto-injection. “Notre technologie a le potentiel de permettre l’administration orale d’insuline d’une manière plus sûre, plus efficace et plus conviviale pour les patients, en allégeant le fardeau du traitement qui se limite à l’administration intraveineuse ou sous-cutanée”, se réjouit Ali Trabolsi, auteur principal de l’étude.
Les nanomatériaux, la solution miracle
La difficulté dans la conception d’une pilule d’insuline est de faire en sorte qu’elle soit protégée pour pouvoir être administrée là où c’est nécessaire. D’autres projets de traitement par voie orale ont été développés ces dernières années mais aucun n’est parvenu à être pleinement efficace. “Malgré les essais cliniques de plusieurs formulations d’insuline orales, un développement commercial suffisant n’a pas encore été réalisé”, confirme Ali Trabolsi.
Les chercheurs y sont parvenus en plaçant l’insuline entre des nanomatériaux résistants à l’acide gastrique mais sensibles au sucre. “Notre travail surmonte les barrières d’administration de l’insuline par voie orale en utilisant des nanoparticules de nCOF chargées d’insuline, qui confèrent une protection de l’insuline dans l’estomac, ainsi qu’une libération sensible au glucose, précise Farah Benyettou, chercheuse au Trabolsi Research Group de l’Université de New York à Abu Dhabi et autrice de l’étude.. Cette technologie répond rapidement à une élévation de la glycémie, mais s’arrêterait rapidement pour éviter une surdose d’insuline, et pour finir améliorera considérablement le bien-être des patients diabétiques dans le monde.”
La pilule bientôt testée sur l'Homme
Ces nanomatériaux apparaissent d’autant plus efficaces qu’ils sont capables de contenir et de conditionner jusqu’à 65% de leur propre poids en insuline. Ces nanomatériaux parviennent à libérer la quantité suffisante d’insuline dont le corps a besoin et éviter d’éventuels surdosages.
Cette pilule, pour l’instant uniquement testée sur des rats, doit confirmer son efficacité chez l’Homme. Les chercheurs ont déjà annoncé travailler à affiner la chimie de leur système en explorant et en testant différents types de nanoparticules.