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Y aurait-il un lien entre la démence et les traitements contre le cholestérol ?

Les risques de développer une démence vasculaire seraient plus importants chez les personnes atteintes d’hypercholestérolémie. Cela serait dû à des perturbations lors du catabolisme du cholestérol. 

Y aurait-il un lien entre la démence et les traitements contre le cholestérol ? designer491/iStock




L'ESSENTIEL
  • L’hypercholestérolémie favorise le développement de démence vasculaire. 
  • Cela pourrait être dû à des perturbations liées à la prise de médicaments lors de la conversion du cholestérol en acides biliaires. 

Près de 20% de la population adulte souffrirait d’hypercholestérolémie, c’est-à-dire une augmentation anormale de leur taux de cholestérol dans le sang, selon la Fédération Française de Cardiologie. Statistiquement, les personnes qui en sont atteintes sont plus susceptibles de développer une démence vasculaire, c’est-à-dire une perte de la fonction cognitive liée à la destruction du tissu cérébral en raison d’un apport en sang réduit ou bloqué. Mais, jusqu’à présent, la façon dont le cholestérol augmentait ce risque restait inconnue car la barrière hémato-encéphalique est imperméable au cholestérol. Il s’agit d’une barrière physiologique entre le système nerveux central et la circulation sanguine qui empêche, entre autres, l’intrusion du cholestérol dans le cerveau. Une récente étude, publiée dans la revue PLOS Medicine offre peut-être une explication. Selon les auteurs, cela serait dû à des perturbations - induites par la prise de certains médicaments - lors de la conversion du cholestérol en acides biliaires, un phénomène naturel nommé le catabolisme du cholestérol. Les acides biliaires sont sécrétés par le foie (notamment grâce au cholestérol) dans le tube digestif et contenus dans la bile. Ceux-ci aident à la digestion des graisses.

Une étude en trois phases

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont d’abord étudié les données de plus de 1800 personnes ayant participé à deux études précédentes. Leur but de cette première analyse était de déterminer si le catabolisme du cholestérol était associé à des anomalies cérébrales liées à la démence vasculaire. Ensuite, ils ont testé si l’administration de médicaments contre le cholestérol - ceux qui bloquent l'absorption des acides biliaires dans la circulation sanguine - était associée à un risque accru de démence chez plus de 26 000 patients de cliniques de médecine générale situées au Royaume-Uni. Enfin, ils ont examiné 29 échantillons d'autopsie afin de déterminer si les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer avaient des taux anormaux d'acides biliaires dans leur cerveau.

Les hommes ont plus de risques que les femmes

Grâce à ces trois phases d’études, les auteurs ont constaté que plus la prescription de ces médicaments était importante, plus le risque de démence vasculaire était élevé chez les hommes, mais pas chez les femmes. Ainsi, les scientifiques estiment que la perturbation du catabolisme du cholestérol pourrait avoir un impact sur le développement de la démence en fonction du sexe. “Pour étendre davantage ces résultats, nous allons tester si les médicaments approuvés pour d'autres maladies qui peuvent corriger les anomalies de la conversion de l'acide biliaire dans le cerveau pourraient être de nouveaux traitements pour la maladie d'Alzheimer et les démences associées”, souligne Madhav Thambisetty, l’un des auteurs de l’étude. Les scientifiques voudraient ainsi mieux comprendre le rôle de la conversion du cholestérol dans la démence vasculaire et déterminer si l’impact de la conversion du cholestérol en acides aminés dans le cerveau pourrait être une nouvelle cible thérapeutique dans la démence.

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