- Chez les femmes âgées engagées dans des activités de bénévolat, 40 % ont signalé au moins une forme de maltraitance, contre 22 % des hommes.
- Deux hypothèses sont plausibles : elles peuvent être victimes en faisant des rencontres en dehors de leur cercle social restreint.
- Il est aussi possible que les femmes victimes d'abus soient plus enclines à se tourner vers des activités d'engagement social.
Pour rompre la solitude, se sentir utile et valorisée et se protéger contre les signes physiques et mentaux du vieillissement, il est souvent recommandé aux personnes âgées de participer à des activités sociales. Mais cet engagement, aussi bénéfique soit-il, n’est pas sans danger, surtout pour les femmes.
C’est ce que démontre une nouvelle étude publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society. Selon ses auteurs, des chercheurs de l’Université de Californie à San Francisco, les femmes âgées largement engagées dans des activités sociales avant la pandémie de Covid-19 avaient 76 % de risques de plus de subir des abus ou des mauvais traitements émotionnels par rapport aux femmes moins engagées.
Pour les chercheurs, ces résultats ont été une surprise. "Nous nous attendions à ce que les personnes âgées qui participent régulièrement à des activités sociales au sein de la communauté rapportent des taux plus faibles d'abus ou de maltraitance que les personnes âgées qui sont plus retirées socialement, explique Alison J. Huang, spécialiste en médecine interne et épidémiologiste clinique à l'UCSF. Mais nous avons constaté que c'était le contraire pour les femmes âgées".
40 % des femmes âgées engagées victimes
Les travaux ont porté sur 2 241 adultes : 1 268 femmes âgées en moyenne de 75 ans et 973 hommes âgés en moyenne de 76 ans. Tous étaient engagés dans des activités de bénévolat communautaire, participaient à des services religieux ou à des réunions organisées. Ils ont aussi été interrogés sur leurs liens sociaux informels, avec la famille et les amis. Parmi ces sujets, près de la moitié des femmes et environ un quart des hommes étaient mariés ou vivaient en couple. Les trois quarts étaient en bonne santé.
Au total, 40 % des femmes âgées et 22 % des hommes ont signalé au moins une forme de maltraitance. C’est particulièrement le cas de celles engagées dans des activités sociales organisées au sein de la communauté. En revanche, les femmes âgées qui ont déclaré une socialisation plus "informelle" avec leurs amis ou leur famille présentaient des taux plus faibles de maltraitance ou de mauvais traitements.
"L'une des explications est que les femmes âgées qui participent à un plus grand nombre d'activités sociales communautaires ont plus de possibilités et de points de contact pour être victimes de mauvais traitements, avance Ashwin A. Kotwal, chercheur en gériatrie de l'UCSF. Ces femmes peuvent être victimes de mauvais traitements de la part de personnes qu'elles rencontrent en dehors du foyer."
Il existe cependant une autre hypothèse, tout aussi plausible. "Les femmes âgées qui sont déjà victimes de mauvais traitements essaient de s'impliquer davantage dans la communauté afin de trouver un soutien pour faire face à ces mauvais traitements."
Mieux prendre cette donnée en compte d’abus
Pour les auteurs de l’étude, ces résultats doivent pousser les cliniciens et chercheurs en gériatrie à prendre en considération ce risque, et à être plus attentifs aux conséquences involontaires de cet engagement social.
"Différents types d'activités sociales peuvent entraîner des interactions sociales tant positives que négatives pour les personnes âgées, souligne Emmy Yang, co-autrice, qui pointe la responsabilité des professionnels de santé. S'enquérir des activités sociales des personnes âgées pourrait être une fenêtre permettant d'identifier les sources de maltraitance et de soutien."