- Le virus d'Epstein-Barr est dormant chez quasiment tous les adultes et peut se réactiver en cas de stress intense, de déficit immunitaire ou encore d’état inflammatoire.
- Près des trois quarts (73%) des patients Covid longs ont des anticorps spécifiques à l’EBV qui témoignent d’une réactivation.
- Les chercheurs appellent à dépister une réactivation de l’EBV chez les patients contaminés afin d’améliorer leur prise en charge.
L’origine des Covid longs a peut-être été trouvée. Dans une étude parue le 17 juin dans la revue scientifique Pathogens, les auteurs estiment que la réponse inflammatoire à l'infection par le virus entraîne la réactivation du virus d'Epstein-Barr (EBV) qui est responsable de la mononucléose. Cela expliquerait les symptômes ressentis par près d’un patient sur trois après sa guérison de la Covid-19 qui se plaignent de fatigue, de brouillard cérébral ou encore d’éruptions cutanées.
Un virus réactivé par l’état inflammatoire
Le virus d'Epstein-Barr est dormant chez quasiment tous les adultes (95%). Il ne provoque pas de symptômes, mais peut se réactiver en cas de stress intense, de déficit immunitaire ou encore d’état inflammatoire. Et c’est justement cet état inflammatoire qui serait en cause dans le cas de la Covid. La réactivation du virus cause de la fatigue, de la fièvre, des maux de tête ou des problèmes neurologiques, autant d’affections qui sont comparables à celles décrites par les patients Covid long.
Pour cette étude, les chercheurs ont examiné 185 personnes atteintes de la Covid. Parmi eux, 56 ont développé une forme longue. Ils ont effectué des prélèvements sanguins chez tous les participants et cherché la présence d’anticorps spécifiques à l’EBV, dont certains ne sont détectables qu’en cas de réactivation du virus.
Une réactivation au même moment que l’infection
Les résultats ont révélé que près des trois quarts (73%) des patients Covid longs ont des anticorps spécifiques à l’EBV qui témoignent d’une réactivation. En y regardant de plus près, les chercheurs se sont rendus compte que cette réactivation s’est produite peu de temps après, voire en même temps que l’infection au virus. “De nombreux symptômes longs du Covid ne sont peut-être pas le résultat direct du virus SARS-CoV-2 mais peuvent être le résultat d'une réactivation de l'EBV induite par l'inflammation du Covid”, assure les chercheurs.
La relation entre le SARS-CoV-2 et la réactivation de l'EBV décrite dans cette étude ouvre de nouvelles possibilités de diagnostic et de traitement des patients Covid à long terme. Les auteurs plaident pour plus de recherches afin de confirmer ce lien. En attendant, ils appellent déjà à dépister une réactivation de l’EBV chez les patients contaminés afin d’améliorer leur prise en charge. Cela pourrait permettre de réduire l'intensité et la durée de la réplication de l'EBV, ce qui peut aider à inhiber le développement d'un Covid long.