- Sans les mesures actuelles de contrôle, le pic d'hospitalisation dépasserait celui de la première ou deuxième vague.
- Les non-vaccinés sont surreprésentés dans les hôpitaux où les plus de 60 ans non vaccinés (3 % de la population) représentent 43 % des hospitalisations.
- La population la plus exposée reste les enfants et les adolescents puisqu’ils représentent une contamination sur trois alors qu’ils constituent 22% de la population française.
Comment va évoluer la pandémie ? S’il est quasiment impossible de prédire avec exactitude comment vont se dessiner les prochains mois, l’institut Pasteur a publié ce lundi 6 septembre ses modélisations sur la suite en fonction des données actuelles. Si elle estime que la vaccination n’est pas suffisante pour imaginer contrôler le virus, elle affirme que les vaccins et le pass sanitaire permettent de protéger contre un rebond épidémique.
Une surreprésentation des non-vaccinés dans les hôpitaux
Sans les mesures de contrôle actuelles, l’épidémie pourrait repartir et une cinquième vague surviendrait. Celle-ci pourrait atteindre un pic de 5 200 hospitalisations quotidiennes, un chiffre bien au-delà de la première ou de la deuxième vague. Cela même avec un niveau d’immunisation élevé où le taux de vaccination atteint 70 % des 12-17 ans, 80 % des 18-59 ans et 90 % des 60 ans et plus. “Cet impact important peut surprendre, mais lors de la première vague, on estime que 5 % des Français ont été infectés – sans doute moins chez les plus fragiles, qui avaient moins de contacts – et cela a suffi à déborder le système de santé, assure Simon Cauchemez, modélisateur à l’Institut Pasteur et membre du conseil scientifique. Même avec une couverture de 90 % chez les plus âgés, cela signifie qu’il reste encore 10 % de personnes vulnérables, soit trois fois plus que la population infectée lors de la première vague.”
En cause, le variant Delta qui bien plus contagieux que les autres souches du virus et qui augmente d’environ 50% le risque d’hospitalisation par rapport au variant Alpha, lui-même plus dangereux que le virus originel. La forte contagiosité du variant fait qu’il est capable de passer la barrière du vaccin pour infecter les hôtes, ce qui rend l’éradication du virus quasiment impossible. “Si les vaccinés ont plus de chance [qu’auparavant] d’être infectés et de transmettre, le virus va continuer à circuler et les non-vaccinés vont finir par se faire infecter”, résume Simon Cauchemez.
Les enfants, les plus exposés
Le vaccin reste la principale arme pour contrer le virus grâce à sa capacité à prévenir les formes graves et les hospitalisations. En conséquence, cela conduit à surreprésentation des non-vaccinés dans les hôpitaux. Dans le scénario de l’Institut Pasteur, les plus de 60 ans non vaccinés (3 % de la population) représentent ainsi 43 % des hospitalisations.
La population la plus exposée reste les enfants et les adolescents puisqu’ils représentent une contamination sur trois alors qu’ils constituent 22% de la population française. “La situation des enfants est particulièrement préoccupante, poursuit l’étude. La faible couverture vaccinale chez les enfants les expose à des fermetures de classe, avec un impact délétère sur leur éducation et leur santé mentale.” Le taux de vaccination complète des 12-17 ans s’élève à 50 % et près de 65 % ont reçu au moins une dose. La dernière semaine d’août, un peu plus de 10 100 cas ont été diagnostiqués chez les 0-9 ans, et un peu plus de 20 100 cas chez les 10-19 ans, contre respectivement 800 et 3 100 il y a un an à la même période.
Avec les mesures, la prochaine vague peut être contenue
Avec la mise en place des mesures actuelles et une progression de la vaccination, les modélisateurs de l’institut Pasteur restent optimistes sur l’évolution de la situation. Ils suggèrent qu’une réduction de 20 % à 30 % du taux de transmission du virus, le “R”, pourrait être suffisante pour que la vague reste en dessous ce qui a été observé en mars et en novembre 2020. “Avec toutes les mesures actuelles, on peut espérer que la réduction soit déjà de cet ordre-là, avance Simon Cauchemez. La grande incertitude est le point de départ. Dans notre scénario, nous avons pris pour hypothèse un R de 5, mais d’autres modélisateurs jugent que c’est optimiste et tablent sur un R de 6.”