- Des chercheurs américains ont développé une intelligence artificielle capable de détecter les signes de déclin cognitif et de la maladie d'Alzheimer en analysant la voix du patient.
- Ce test, s'il est généralisé, pourrait ne prendre qu'une dizaine de minutes, selon l'équipe scientifique.
- Les chercheurs rappellent qu'une détection précoce de la maladie d'Alzheimer permet une meilleure prise en charge et plus de temps au patient et à ses proches "pour planifier l'avenir".
À ce jour, il n’existe pas de traitement contre la maladie d’Alzheimer. Toutefois, plus la pathologie neurodégénérative est prise en charge tôt, plus sa progression peut être ralentie. C’est pourquoi le dépistage précoce est important. Et l’intelligence artificielle pourrait offrir une solution. Des chercheurs de l'École médicale du Sud-Ouest de l'université du Texas ont développé un programme capable de détecter des signes de déclin cognitif ou de la maladie d'Alzheimer en analysant les paroles des patients.
Alzheimer : une analyse de la voix aide à repérer le déclin cognitif
"Notre objectif était d'identifier les changements subtils de langage et de voix qui sont présents dans les tout premiers stades de la maladie d'Alzheimer, mais qui ne sont pas facilement reconnaissables par les membres de la famille ou le médecin généraliste d'un individu", explique le Dr Ihab Hajjar, professeur en neurologie et auteur principal de l’article paru dans la revue Diagnosis, Assessment & Disease Monitoring.
L’équipe du scientifique a utilisé des programmes avancés d’apprentissage automatique et de traitement du langage naturel pour analyser la parole de 206 personnes. 114 volontaires présentaient des critères d'un léger déclin cognitif tandis que les 92 restants n’en avaient pas. Ils devaient décrire pendant 1 à 2 minutes les œuvres d'art qui leur étaient présentées.
"Les descriptions enregistrées de l'image nous ont fourni une approximation des capacités conversationnelles que nous pouvions étudier via l'intelligence artificielle pour déterminer le contrôle moteur de la parole, la densité des idées, la complexité grammaticale et d'autres caractéristiques de la parole", indique le spécialiste dans le communiqué de l’université texane.
Pour vérifier l’efficacité de l’analyse de l’intelligence artificielle, les chercheurs ont comparé les résultats de l’outil avec les échantillons de liquide céphalo-rachidien et les IRM des participants. Conclusion : l’outil peut détecter les signes précoces de déclin cognitif, et plus spécifiquement ceux de la maladie d'Alzheimer.
L’intelligence artificielle permet un dépistage plus rapide
"Avant le développement de l'apprentissage automatique et de traitement du langage naturel, l'étude détaillée des modèles de parole chez les patients était extrêmement laborieuse et souvent infructueuse, car les changements dans les premiers stades sont souvent indétectables à l'oreille humaine", précise le Dr Hajjar. Ainsi pour lui, cette technologie pourrait offrir une méthode de dépistage de la maladie d’Alzheimer plus rapide et plus simple. En effet, lors de l’expérience, les tests menés sur les enregistrements vocaux n’ont pris qu’une dizaine de minutes alors que les examens neuropsychologiques traditionnels durent généralement plusieurs heures.
"Si les résultats sont confirmés par des études plus importantes, l'utilisation de l'intelligence artificielle et de l'apprentissage automatique pour étudier les enregistrements vocaux pourrait fournir aux soignants un outil de dépistage facile à réaliser pour les personnes à risque", explique le Dr Hajjar. Et si cette avancée ne permet toujours pas de soigner la pathologie neurodégénérative, elle présente tout de même des bénéfices."Des diagnostics plus précoces donneraient aux patients et aux familles plus de temps pour planifier l'avenir et donneraient aux cliniciens une plus grande flexibilité pour recommander des changements de mode de vie utiles", conclut l’expert.